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25 mai 2007

De l’enseignant à l’élève : y a-t-il un changement de paradigme avec les TIC?
Martine Rioux, APP

Avec la réforme de l’éducation, le ministère de l’Éducation encourage fortement les enseignants à prendre un virage et à passer d’un paradigme de l’enseignement davantage centré sur l’enseignant à un paradigme de l’apprentissage plus axé sur l’élève. Qu’en est-il dans les faits?

« Le ministère de l’Éducation semble placer beaucoup d’espoir dans l’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les classes pour amener les enseignants à transformer leurs pratiques. Mais, en même temps, il existe une croyance selon laquelle les enseignants doivent d’abord changer leurs modes de fonctionnement avant d’utiliser les TIC. Nous sommes allés voir ce qu’il en était dans les classes », souligne Sonia Lefebvre, professeur au département des Sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Mme Lefebvre et sa collègue, Céline Leblanc, ont rencontré huit enseignants du primaire se situant à différents niveaux du processus d’implantation des TIC dans leur classe. Ces niveaux se trouvent sur une échelle de 0 à 6, c'est-à-dire : éveil, information, personnel, gestion, conséquence, collaboration et réorientation. Les enseignants rencontrés étaient de niveau 3 (gestion), 5 (collaboration) ou 6 (réorientation).

Selon les entretiens menés, les chercheuses ont constaté que les enseignants qui se situent dans deux niveaux supérieurs adoptent des pratiques plus constructivistes, donc qui relèvent davantage du paradigme de l’apprentissage, alors que ceux de niveau 3 ont des pratiques dites béhavioristes, liées au paradigme de l’enseignement. Jusqu’ici, les résultats correspondent donc à la prémisse mise de l’avant par le ministère de l’Éducation.

Par contre, lorsqu’elles ont demandé aux enseignants de leur parler de leur conception du processus d’enseignement et d’apprentissage, la majorité a eu un discours très béhavioriste. « Donc, l’intégration des TIC change la façon de faire dans la classe, mais ne change pas la conception que l’enseignant se fait de son travail, ses croyances demeurent les mêmes. Alors, il n’est pas certain que le changement de paradigme s’effectuera avec l’intégration des TIC », en conclut Mme Lefebvre.

« De toute façon, ajoute-t-il, il est quasiment impossible de classer les enseignants dans des catégories précises. Même un enseignant très constructiviste aura des moments plus béhavioristes dans sa classe, d’autres plus cognitivistes ou humanistes. L’enseignant est toujours un heureux mélange de toutes sortes de pratiques. Je ne crois pas qu’il faille prescrire davantage l’une que l’autre ».

Sonia Lefebvre a présenté sa conférence dans le cadre du 75e Congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), qui s’est tenu à Trois-Rivières du 8 au 11 mai 2007. L’Infobourg y était.

Par Martine Rioux, APP


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