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5 juin 2007

Du front et beaucoup d'idées
Par Isabelle Mathieu, Le Soleil

Le Soleil a rencontré quatre membres de l'équipe du J8 de De Rochebelle dans leur école, à trois jours de leur départ pour l'Allemagne, où ils participeront la semaine prochaine à ce sommet parallèle au G8. Excités, les adolescents représentant le Canada ? Bien sûr, mais surtout confiants de faire passer leur message.

Ils sont jeunes, brillants et juste assez frondeurs pour aller dire aux Bush, Harper, Sarkozy et cie qu'ils sont lents à régler les problèmes urgents de la planète. Beaucoup trop lents.

Au moment où vous lisez ces lignes, Marion Guay-Arcand, SeQian Wang, Julien Fortier, Andréa Lucchesi, Julien Tremblay, Marie-Ève Jean, Sophie Casgrain et Laurent Bouchard de l'école secondaire De Rochebelle sont arrivés à Wismar, sur le bord de la mer Baltique en Allemagne. La semaine la plus excitante de leur jeune vie vient de commencer.

Durant leur séjour, les participants dormiront à bord du voilier-école Dar Mlodziezy. Avec la soixantaine d'autres participants, ils tiendront leurs discussions à la Zeughaus, un ancien arsenal et entrepôt de la citadelle, servant aujourd'hui de bibliothèque municipale.

Jeudi, les jeunes participants du J8 vont rencontrer les huit présidents et premiers ministres des pays membres du G8 réunis à Heiligendamm pour leur présenter leurs solutions à certains problèmes criants de l'humanité.

En fait, c'est Marion, avec sept jeunes collègues d'autant de pays, qui aura la chance de discuter avec les puissants leaders durant 45 minutes.

Ils n'ont pas encore le droit de voter, mais les élèves du J8 sont pourtant les plus concernés par ce que la politique internationale appelle les « problèmes globaux ».

Les jeunes du J8 ne veulent pas se retrouver, en 2025, à élever leurs enfants dans un contexte où les pays ne pourront que limiter les dégâts. « Il y a un mur devant nous, illustre Julien Fortier. Il faut commencer à monter tout de suite, pas quand on va se retrouver au pied du mur, lorsqu'il faudra bousculer l'économie. »

Multiplication des catastrophes naturelles, dérèglements climatiques, perte de pouvoir des États, multinationales qui font la loi ; les jeunes connaissent parfaitement les menaces qui pendent au- dessus de leur tête.

Mais ils n'ont pas l'intention d'adopter un ton alarmiste avec les chefs du G8. Ce ne serait pas stratégique. « C'est un exercice diplomatique, glisse Julien F. On a monté notre dossier de manière à pouvoir les rejoindre. »

Les élèves de De Rochebelle sont bien conscients que George Bush ou Stephen Harper ne deviendront pas des « fans » du Protocole de Kyoto simplement à les écouter. « S'il y avait seulement un chef qui retenait une idée, ce serait excellent », estime Sophie.

« On veut surtout qu'ils nous montrent qu'ils sont sérieux, qu'ils vont accélérer le rythme des
changements », ajoute Marie-Ève.

Les jeunes de De Rochebelle ressortent plein d'optimisme des mois passés à se documenter sur les problèmes de la planète. « On voit qu'il y a un potentiel de changement, note Julien T. Il faut juste se botter le derrière et le faire, le changement. »

Pas étonnant que l'équipe de De Rochebelle ait choisi comme devise une citation du sage Gandhi : « Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde. »

Et comme chanson fétiche ? « We are the world, we are the children », entonne l'enjouée Sophie, qui n'était pas née lorsque la chanson humanitaire a été enregistrée, en 1985.

Avec leurs idéaux, les huit coéquipiers de De Rochebelle n'ont pas l'impression de faire figure d'extraterrestres parmi des milliers de jeunes blasés.

Bon, d'accord, ils aiment bien regarder en groupe la chaîne télévisée de l'Assemblée nationale, mais à part ça rien de spécial !

C'est toute leur génération qui est plutôt verte, affirment-ils. Lorsqu'ils ont simulé des élections, le 26 mars, les étudiants de De Rochebelle ont élu le Parti québécois comme gouvernement, mais c'est le Parti vert qui aurait formé l'opposition officielle !

Informations supplémentaires :
L'équipe de l'école De Rochebelle

- Nom : Act Now for Tomorrow (les discussions se déroulent en anglais)
- Choisie parmi 90 équipes canadiennes
- Formée de quatre filles et de quatre garçons, dont six élèves du programme d'éducation internationale
- Supervisée par Patrice Bélanger, professeur d'histoire

Le junior 8 ou j8
- Un sommet organisé depuis trois ans en parallèle au Sommet des pays du G8.
- Le G8 regroupe les huit pays (États-Unis, Canada, Allemagne, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et Russie) représentant plus de 65% de l'économie mondiale.
- 64 jeunes de 13 à 17 ans des huit pays se réunissent d'abord entre eux et vont ensuite présenter leurs solutions aux problèmes mondiaux aux présidents et premiers ministres.
- Financé par la Fondation Morgan- Stanley (la branche philantropique de l'institution financière) et organisé par l'UNICEF et le pays hôte du Sommet du G8.
- Le J8 de 2007 se tiendra du 3 au 9 juin, à Weismar en Allemagne.

Par Isabelle Mathieu, Le Soleil

Cet article est tiré du quotidien Le Soleil de Québec du 2 juin 2007 p. 2. L'infobourg a obtenu l'autorisation de le reproduire.



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