Le courriel qui développe l’écriture - TIC et éducation au Canada : l’Infobourg

22 février 2006

Le courriel qui développe l’écriture

Martine Rioux, APP

Des élèves de 4e année du primaire fréquentant une école publique de Newark au New Jersey ont passé le test! L’utilisation du courrier électronique leur a permis d’améliorer sensiblement leur niveau d’écriture et de lecture.

Au cours de la dernière année scolaire, la classe de 4e année du primaire de l'école élémentaire publique de Roseville Avenue, à Newark au New Jersey, a employé une solution protégée de courrier électronique scolaire, appelée ePALS Classroom Exchange, pour correspondre avec une classe de niveau équivalent de Bologne, en Italie.

En principe, ils devaient lire et rédiger deux courriers électroniques convenables par semaine. Par contre, la motivation des élèves s’est révélée telle que la quantité de courriels échangés a progressivement augmenté au cours de l’année scolaire.

Ce constat fait dire aux représentants de ePALS Classroom Exchange, qui menaient la recherche, que « les élèves réalisent plus volontiers des devoirs en collaborant par courriel plutôt qu'en prenant leur cahier et leur crayon ». Cette affirmation est d’ailleurs en voie de devenir un véritable secret de Polichinelle. Des expériences amenant des élèves à utiliser d’autres technologies comme moyen de communication, le blogue notamment, ont déjà permis de constater une augmentation de leur motivation et de la qualité de leur travail.

« Le courriel et la relation qu’ils ont entretenue avec des élèves de leur âge ont permis à mes élèves de mieux développer leurs aptitudes scolaires, tout en les motivant, sachant que d'autres élèves allaient lire leur travail », indique d’ailleurs l’enseignante Mary Carille, de Newark.

« Le courriel offre de nombreux avantages à l'apprenant. C'est le papier et le crayon de la génération du XXIe siècle », assure Sheila Gersh, qui participe à un projet de recherche pour l’amélioration de l’éducation grâce à la technologie, à New York.

Résultats académiques
Les résultats de l’expérimentation ne se sont pas résumés à une simple augmentation de la motivation des jeunes. En fin d'année scolaire, les élèves américains ont obtenu un taux de réussite de 72,4 % au test de niveau de langue maternelle (anglais) ASK4 de l'état du New Jersey, soit une note de 30 points supérieure au test d'état normalisé par rapport à la classe de 4e année de l'année précédente, qui avait suivi le même programme scolaire avec le même enseignant.

« Lorsque les élèves utilisent le courrier électronique, ils font attention à la grammaire et à l'orthographe. Ils sont plus enclins à recourir aux dictionnaires et outils d'aide à la rédaction qui offrent un support visuel immédiat pour corriger leurs erreurs », fait remarquer Mme Sheila Gersh.

« Le courrier électronique, lorsqu'il est utilisé comme un support papier traditionnel, aide réellement les enseignants à apprendre à leurs élèves la phraséologie, la langue et l'écriture. Nous avons découvert que lorsque les élèves sont autorisés à employer le courrier électronique, ils s’appliquent et portent plus de soin au matériel qu'ils enverront à leurs enseignants ou à d'autres élèves », fait valoir Tim DiScipio, président et co-fondateur d'ePALS Classroom Exchange.

Selon lui, des élèves en viendraient même à assimiler le vocabulaire et le style d'écriture de leur enseignant du simple fait de le voir à l’oeuvre au lieu de simplement l'écouter.

Par ailleurs, un des élèves italiens, pour lequel on avait diagnostiqué le syndrome d'Asperger, un trouble envahissant du comportement qui se traduit par une déficience marquée dans les interactions sociales, a commencé à bien mieux réagir en classe à la suite de l’utilisation du courrier électronique pour échanger avec d’autres jeunes de son âge.

Vous pouvez visionner une vidéo sur l’impact de l’utilisation de la technologie ePALS dans une classe en cliquant ici.

Un parallèle avec le Québec
Au Québec, quelques projets scolaires font appel à l’utilisation du courrier électronique. C’est notamment le cas du Village Prologue, qui propose à de jeunes Québécois d’aujourd’hui d’échanger par courriel avec des habitants d’une seigneurie du XIXe siècle.

Denis Normand, enseignant de 6e année à l’école Saint-André d’Acton Vale, fait partie des habitués du Village Prologue. Depuis plus de 10 ans, il participe annuellement au projet avec ses élèves. « Les jeunes apprennent beaucoup grâce à Prologue. Il y a définitivement de nombreux avantages à l’utilisation pédagogique du courrier électronique, à commencer par l’intérêt marqué et soutenu des jeunes qui participent énormément du début à la fin de l’année scolaire », dit-il.

Selon M. Normand, leur motivation à lire et à écrire est ainsi augmentée. Ils ont hâte de connaître les réponses à leurs messages et d’en envoyer de nouveaux (environ un par semaine). Il arrive parfois qu’ils se confient au personnage du Village avec lequel ils correspondent parce qu’ils se sentent vraiment en confiance.

Même si aucune étude complète n’a été réalisée pour quantifier les bienfaits d’une participation au projet, M. Normand fait remarquer que le débit de lecture de ses élèves s’accélère grandement entre le début et la fin de chaque année scolaire. Cette donnée est d’ailleurs évaluée à l’école Saint-André.

« Les élèves apprécient particulièrement le fait de pouvoir participer à un tel projet de correspondance. La preuve : des années plus tard, lorsque je rencontre d’anciens élèves, ils me parlent encore de Prologue! », souligne fièrement M. Normand.

Par Martine Rioux, APP