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10 avril 2006

La réussite scolaire a-t-elle un sexe?
Pierre Turbis, APP

Lors d’un panel tenu dans le cadre du récent congrès de l’Association québécoise des troubles d’apprentissage (AQETA), on abordait la question suivante : « la réussite scolaire a-t-elle un sexe? »

D’entrée de jeu, le modérateur du débat, Égide Royer, professeur à la faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval et chercheur au centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES), a brossé un tableau plutôt inquiétant de la situation des garçons en milieu scolaire.

Il a notamment mentionné les statistiques publiées sur le site du ministère de l’Éducation, qui indiquent que 39 % des garçons et 26 % des filles n’ont pas complété un diplôme d’études secondaires à l’âge de 20 ans.

Il a également souligné qu’on observe un ratio de deux garçons pour une fille qui présentent des troubles d’apprentissage, trois garçons pour une fille qui ont des problèmes de comportement et six garçons pour une fille qui ont un trouble de l’attention (TDAH) identifié.

Les garçons sont-ils condamnés à l’échec?
Si les quatre experts invités dans le cadre de ce débat conviennent qu’il existe des différences majeures entre les façons d’apprendre des filles et celles des garçons, il leur apparaît essentiel de souligner que cette différence ne constitue pas une condamnation à l’échec pour ces derniers.

Selon Rachel Aubé, adjointe à la direction des études et responsable des programmes du secteur pédagogique au Cégep Beauce-Appalaches, à Saint-Georges, on ne peut se contenter de baisser les bras en constatant que les garçons sont moins nombreux que les filles dans les classes des collèges et des universités. Bien au contraire, il faut trouver des solutions innovatrices à ce problème.

« Je crois qu’il faut varier nos stratégies pédagogiques et adapter notre enseignement à certains traits de caractère plus masculins. Par exemple, les garçons réagissent davantage quand on les place dans un contexte ludique ou compétitif. La révision de la matière sous forme d’un jeu-questionnaire ou d’une compétition amicale peut donc constituer un moyen efficace pour stimuler leur intérêt. »

Elle ajoute que, même si les filles obtiennent généralement de meilleurs résultats académiques, sur le plan professionnel, ce sont les garçons qui retirent davantage de leurs apprentissages. « Les garçons ont une intelligence très concrète. Ils retiendront ce qui peut leur être utile dans la pratique. »

Un retour aux écoles séparées?
Bien entendu, dès que l’on aborde la question de la réussite scolaire des garçons, on en vient à se questionner sur la possibilité de revenir à des écoles non mixtes. À cet effet, Daniel Chénier, professeur d’éducation physique à l’école des Rives, à Repentigny, a témoigné d’une expérience vécue dans son milieu.

« En raison du programme sportif de notre école, depuis deux ans, nous avons tenté avec succès une expérience de séparation des gars et des filles, que nous avons étendue à toutes les matières. Je n’ai pas la prétention de m’appuyer sur une vaste étude, mais j’ai pu constater la différence entre les modes cognitifs des gars et ceux des filles. Les gars sont très concrets, ils vivent dans l’immédiat alors que les filles sont plus réflexives. À la lumière de cette expérience, je crois que nous devons exploiter ces différences pour rendre service aux garçons comme aux filles. »

De son côté, Roch Chouinard, professeur à la faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal et lui aussi chercheur au CRIRES, n’est pas convaincu que la séparation est une solution d’avenir quant aux problèmes vécus par les garçons.

« Aucune étude ne prouve que le retour à l’école non mixte soit positif pour les garçons. Les seules qui peuvent en bénéficier sont les filles, ce qui confirme que dans une classe, les garçons dérangent davantage les filles que l’inverse. D’autre part, ce n’est pas tellement que l’école est faite pour les filles, mais bien plutôt que les filles correspondent mieux aux attentes de l’école. Contrairement aux gars, elles vont toujours tenter de se conformer aux directives émises, elles vont tenter de plaire. Comme l’école récompense l’observance et punit les élèves turbulents, qui se trouve défavorisé à votre avis ? »

Un faux problème
Pour sa part, Linda Siegel, professeure au département de psychologie de l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver, a soutenu que la problématique filles-garçons constitue un faux problème.

« Je pense qu’on ne peut pas prétendre que la réussite scolaire a un sexe. Mes recherches sur les compétences langagières et en orthographe n’ont démontré aucune différence entre les garçons et les filles, sinon au niveau de la maternelle, alors que les gars sont un peu plus faibles. Cette différence s’estompe toutefois rapidement avec le temps. La cause du problème d’apprentissage n’est pas liée à l’école, c’est un problème biologique, accentué par le milieu socio-économique. La différence entre les garçons et les filles est essentiellement comportementale. Notre défi est d’adapter nos pratiques conformément à ces différences. »

Roch Chouinard abonde dans le même sens que Mme Siegel. « Je crois aussi que notre insistance à toujours discuter des différences gars-filles fait que l’on passe à côté du vrai problème. À mon avis, les différences entre les garçons et les filles sont beaucoup moins importantes que celles entre les gens, garçons et filles, provenant d’un environnement riche ou pauvre. La vraie différence est là et c’est là qu’il faudrait consacrer nos énergies. »

Des pistes de solutions
Quelques pistes de solution ont ensuite été évoquées par les panélistes : diversifier les approches pédagogiques en classe, en tenant compte des caractéristiques masculines; faire ressortir les aspects concrets et l’utilité des notions apprises; reconnaître que les filles sont plus introverties alors que les garçons sont plus extrovertis, avec les différences comportementales que cela suppose.

Le mot de la fin
Lors de la période d’échange avec le public, un participant est venu résumer ainsi le débat. « La réponse à votre question est fondamentalement génétique : un gars, c’est un gars et une fille, c’est une fille! Il est difficile pour un gars d’évoluer dans un milieu où on demande le conformisme alors que ce n’est pas dans sa nature de le faire. Il est stressant pour un gars d’être dans un milieu où on mesure tout le temps tout et où il n’est pas le meilleur. Comment fait-on pour motiver un gars? Un jour, quelqu’un l’écoute et lui dit qu’il EST capable et qu’il va réussir. S’il finit par se laisser convaincre, une bonne partie du travail est déjà complétée… »

Par Pierre Turbis, APP





10 avril 2006
Denis Dinel, Edmonton
J'étais un peu surpris, en lisant cet article, de constater qu'en aucun temps le sexe des enseignants n'est mentionné. Il y a tellement peu d'enseignants mâles au primaire que les jeunes garçons n'ont pas la chance d'avoir un modèle à suivre.Trop souvent, un jeune garçon n'a pas d'enseignant mâle avant d'arriver au secondaire. Rendu là, pour plusieurs, c'est trop tard.
Y a-t-il des différences dans le style d'apprentissage des garçons et des filles? Absolument. Mais pas au point où certains affirmeront que les garçons représentent une cause perdue.





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