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29 janvier 2007

Intégration des TIC : le débat est relancé
Martine Rioux, APP

L’intégration des TIC dans les écoles québécoises : succès ou échec? Le débat revient régulièrement dans l’actualité. Une nouvelle série d’échanges s’est amorcée récemment. Y a-t-il des applications pédagogiques des TIC plus nobles que d’autres? Qu’en est-il des enseignants qui répandent la bonne nouvelle?

Tout a commencé au début du mois de janvier avec un billet publié par Gilles Jobin, animateur au service local du RÉCIT à la commission scolaire au Coeur-des-Vallées, sur son blogue.

« Si intégrer les TIC, c'est mettre du gras dans un texte électronique, faire une recherche sur le web ou faire de jolis acétates en PowerPoint pour illustrer cette recherche, alors on peut dire que cela va très bien. Par contre, si on comprend l'intégration des TIC comme un processus complexe modifiant le rapport au savoir, alors on est loin du compte! » C’est ainsi qu’il commençait son texte.

Son billet a fortement fait réagir la communauté des édublogueurs. On pense principalement à Pierre Lachance (Un schéma dérangeant), Mario Asselin (L’immense défi que pose l’intégration des TIC aux apprentissages scolaires) et Martin Bérubé (La réplication et Les conditions gagnantes). Nous vous laissons découvrir leurs commentaires.

Robert Bibeau, de la Direction des ressources didactiques du MELS, a également réagit sur la liste Edu-Ressources dont il est le responsable. Nous l’avons amené à pousser sa réflexion plus loin lors d’un entretien téléphonique.

Il explique tout d’abord qu’il n’est pas d’accord avec la dichotomie que monsieur Jobin fait des TIC, à savoir qu’il y aurait des TIC « ustensiles » (traitement de texte, chiffrier, logiciel de présentation) et des TIC « pour changer le rapport de l’élève au savoir » (blogue, wiki). « Comme s’il y avait des TIC honteuses et d’autres tout à fait dans le vent; des TIC antipédagogiques et d’autres intrinsèquement pédagogiques, comme si ceux qui utilisent les premières étaient dans l’erreur et faisaient fausse route », soutient-il. D’ailleurs, n’oublions pas que les enfants d’aujourd’hui ont besoin d’apprendre à se servir d’outils comme le traitement de texte puisqu’ils auront pratiquement tous à les utiliser au cours de leur vie professionnelle à venir.

Monsieur Bibeau n’est cependant pas surpris que le débat sur l’intégration des TIC dans les écoles prenne cette tournure. « Autre temps, autres mœurs, le débat évolue », dit-il. Il rappelle que le débat a débuté au milieu des années 1980 alors qu’on se demandait si les ordinateurs de marque Apple étaient plus pédagogiques que les IBM. Puis, on s’est questionné à savoir si les didacticiels étaient plus pertinents que les logiciels-outils (traitement de texte, chiffrier, logiciel de présentation, etc.). Aujourd’hui, ces derniers se trouvent opposés aux technologies liées à Internet.

Selon monsieur Bibeau, il faudrait davantage regarder la finalité recherchée par l’utilisation des TIC, plutôt que le médium utilisé. « On parle beaucoup des possibilités de développer le jugement et le sens critique des jeunes par le biais d’Internet et du blogue. Par contre, il est tout à fait possible d’arriver aux mêmes résultats en utilisant d’autres moyens. L’atteinte de cet objectif est davantage liée à la pédagogie qu’aux technologies », fait-il remarquer.

Par exemple, il précise qu’un blogue sans lecteur et surtout sans commentateur n’arrivera pas à ses fins, notamment l’interaction entre les élèves. Il faut donc une certaine animation, un suivi pédagogique. Un projet où les élèves prépareraient un document PowerPoint ou Impress, puis le présenteraient à d’autres élèves par le biais de la vidéoconférence pourrait aussi les amener à interagir.

« Au bout du compte, il s’agit de savoir si l’élève a participé à une démarche d’apprentissage. Qu’est-ce qu’il en a retenu? En pédagogie, le but ultime est d’apprendre. Et il y a de multiples façons de favoriser l’apprentissage chez les jeunes. Les technologies en sont une parmi d’autres. On parle beaucoup de la communication, mais pour apprendre, on n’a pas nécessairement besoin de communiquer. Par exemple, les élèves auront toujours besoin d’effectuer certains calculs mathématiques seuls et à la main », poursuit-il.

Un effet contagieux
Dans son billet, monsieur Jobin affirme que les animateurs de RÉCIT et autres formateurs doivent placer le plus de temps et d’efforts possibles auprès des enseignants qui sont déjà les plus enthousiastes à l’égard des technologies, dans l’espoir qu’ils « puissent développer une pensée orientée TIC dans leur environnement de travail ». Cette façon de faire comporte un effet pervers et favoriserait la formation de « sectes techno », selon monsieur Bibeau.

« L’effet de contagion a toujours été préconisé dans l’intégration des TIC. Cependant, au fil du temps, nous avons pu constater que les enseignants identifiés comme étant potentiellement contagieux ne l’étaient pas toujours. À une certaine époque, les profs d’informatique avaient tendance à s’approprier tous les outils disponibles dans l’école. Puis, les enseignants qui sont très à l’aise avec les technologies parlent souvent un langage difficile à comprendre pour les enseignants débutants », indique-t-il.

Selon lui, l’effet de contagion ne peut avoir lieu que si on respecte chacun dans sa relation avec les technologies et qu’on « le prend là où il est rendu », sans vouloir lui imposer sa propre vision des choses. Par exemple, plusieurs offres de formation portent actuellement sur le multimédia en classe, alors que certains enseignants en sont encore à chercher les réponses à des questions beaucoup plus simples.

« Il faut se mettre au niveau de chaque enseignant et chercher à répondre à ses besoins particuliers. Il faut lui demander : qu’est-ce que tu veux faire? Et après, on lui présente les possibilités. Si c’est un blogue qui répond le mieux, on y va pour le blogue. Mais il se pourrait aussi qu’une présentation PowerPoint fasse l’affaire. Alors là, il ne faut pas dénigrer cette option ».

Un ordinateur pour tous
Lorsqu’il est question d’intégration des TIC à l’école, difficile de passer à côté de la quantité d’ordinateurs disponible. Et si on équipait tous les enseignants et tous les élèves d’un ordinateur? Comme le réclame maintenant monsieur Jobin.

« Attention », répond monsieur Bibeau, qui a déjà évalué qu’une telle opération coûterait entre 1 et 2 milliards de dollars au Québec. « Il faut se demander quels seront les bénéfices tangibles et réels compte tenu de l’ampleur de la dépense? Est-ce qu’il s’agit du besoin le plus urgent dans le monde de l’éducation? »

Par ailleurs, ce n’est pas tout de posséder un ordinateur, encore faut-il savoir en tirer profit pédagogiquement… « Je connais des écoles où des ordinateurs dorment dans des boîtes parce que personne ne sait quoi en faire », affirme-t-il. Dans un billet, Martin Bérubé, animateur au service local du RÉCIT à la commission scolaire Kamouraska - Rivière-du-Loup, confirme : « les outils sont proposés sans même que le personnel enseignant ait pris le temps d’analyser le potentiel pédagogique ».

Le déploiement d’ordinateurs à la grandeur de la province demanderait donc toute une série d’autres mesures d’accompagnement : formation, pistes de projets à réaliser, réseaux sécuritaires et fiables, soutien technique... Et surtout un bon encadrement des jeunes. « Il ne faut pas penser que les élèves pensent à apprendre quelque chose aussitôt qu’ils ouvrent l’ordinateur. Il faut les guider dans leur utilisation pour que celle-ci devienne instructive et donc pédagogique », rappelle monsieur Bibeau.

Ce à quoi l’équipe de l’infobourg peut ajouter : « j’appuie ». En préparant un autre billet que vous lirez prochainement, nous avons rencontré des enseignants et des jeunes pour tenter de savoir quels usages ces derniers faisaient de l’ordinateur. Il apparaît que les élèves aiment beaucoup jouer à des jeux sur l’ordinateur et qu’ils doivent être guidés par des adultes pour découvrir le potentiel éducatif de la machine.

Le débat est loin d’être terminé. Vous pouvez toujours y contribuer en nous laissant un commentaire.

À lire :
Au sujet de la nouvelle mesure du MELS visant le renouvellement du parc informatique et l’acquisition de technologies dans les écoles du Québec

Par Martine Rioux, APP






Réponse à l'infobourg
  Gilles Jobin réagit sur son blogue à cet éditorial de l'infobourg.


1 février 2007
Denys Lamontagne, Québec
En éducation l'utilisation efficace des TIC demeure marginale tant que le rapport maître-élève n’est pas remis activement en question dans les pratiques. Et il n’est pas souvent remis en question.

Il n'est pas question de technologie,ou si peu, mais d'aménagement du temps scolaire, d'administration, d'organisation de classe, de programmes, de contenus, de pédagogie active et même d'architecture.

Presque rien de tout cel n'est considéré dans les projets «d'intégration» des technologies à l'école. On les intègre à quoi ces technlogies ? Jusqu'ici on les installe, on les greffe, on les empile, on les documente, mais d'intégration, niet.

Les seules écoles où elles sont véritablement intégrées sont celles où l'on a changé le rapport maitre-élève. Je peux les compter sur mes doigts.




29 janvier 2007
Pierre Lachance, Beauceville
Bonjour,

Dire d'un outil qu'il n'a pas la même finalité qu'un autre, est-ce le dénigrer? Car en effet, on doit savoir ce qu'on veut faire avec l'outil. M. Jobin et M. Bibeau disent la même chose sur ce point. La différence se situe peut être (hypothèse personnelle) au niveau de l'analyse (avec l'enseignant) de ces finalités.

Je crois qu'il y a des différences fondamentales (et on doit, comme intervenant TIC, les connaitre) entre les outils TIC. À mon humble avis, il est faux d'affirmer que tous les outils ont le même potentiel pédagogique. Encore ici, je ne fait que favoriser certains outils pour des tâches précises, je ne dénigre en rien les autres. Choisir c'est malheureusement renoncer.

Je m'arrête ici.

Au plaisir.





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