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4 avril 2007

Utilisation d’Internet : L’école prend du retard
Martine Rioux, APP

L’utilisation des technologies, c’est à la maison que ça se passe. Les écoles seraient même devenues « hors jeu » dans ce domaine, selon une recherche menée par des chercheurs de l’Université de Sherbrooke et de l’Université de Montréal.

Depuis 1997, les professeurs Jacques Piette et Christian-Marie Pons, de la Faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Sherbrooke, ainsi que Luc Giroux de l'Université de Montréal, ont réalisé une analyse à propos « des représentations, de l'utilisation et de l'appropriation du réseau Internet » par les jeunes Québécois (12-18 ans). Les conclusions finales ont été rendues publiques à la fin mars 2007.

Leur enquête révèle que la fracture numérique tant appréhendée entre les familles riches et pauvres ne s’est pas produite. C’est plutôt un fossé entre la maison et l’école qui s’est creusé. « Sans aller jusqu’à affirmer que l’utilisation d’Internet à l'école a régressé, elle ne semble pas s’être développée comme d’aucuns l’avaient prévu », lit-on dans le rapport.

Selon les résultats recueillis par les chercheurs, en 2000, près de 80 % des jeunes se servaient d’Internet au moins à l’occasion dans leurs cours. En 2006, cette proportion est passée à seulement 32 %. Et même 39 % des jeunes disent ne jamais utiliser Internet à l’école.

Un chiffre désarmant lorsqu’on pense à tous les appels qui sont faits pour inciter les enseignants à intégrer les TIC dans leur classe, et lorsqu’on sait que l’usage de l’ordinateur est souvent associé à l’utilisation d’Internet. Notez cependant que les jeunes n’en sont pas si attristés. Ce n’est pas surprenant lorsqu’on prend en considération certains points de l’étude.

L’école n’est pas à jour
Premièrement, les jeunes sont souvent équipés à la fine pointe de la technologie à la maison, alors qu’à l’école, les appareils sont plutôt vieux. La lenteur des machines et des connexions réseau les décourage un peu. Devant des ordinateurs qu’ils jugent désuets, les jeunes perdent de l’intérêt. Sans compter que l’accès est souvent limité.

Deuxièmement, alors que les adultes perçoivent Internet comme un outil de travail, les jeunes le voient d’abord et avant tout comme un outil de communication et de divertissement (messagerie instantanée, téléchargement, courriel, jeux). Or, ces usages de l’inforoute sont généralement interdits à l’école, ce qui les irrite au plus haut point.

Troisièmement, l’école semble avoir une peur bleue d’Internet et tend à restreindre l’accès à certains sites. Les jeunes y voient là un manque de confiance flagrant et ils n’aiment pas.

Par exemple, Nathalie (sec. III) croit que « le blocage systématique des sites que pratique son école représente un véritable obstacle à une recherche documentaire efficace ». Elle devait réaliser un travail sur les maladies transmises sexuellement, mais son école bloque tous les sites touchant au domaine de la sexualité, ce qui l’a empêchée d’entreprendre sa recherche à l’école. Elle a dû la réaliser à partir de chez elle.

Morale de l’histoire : s’il y a des choses que les jeunes ne peuvent pas voir à l’école, ils iront les chercher une fois à la maison.

À la lumière de cet exemple, il faut se demander si les enseignants prennent désormais pour acquis que les jeunes disposent d’un branchement à la maison et qu’ils y réaliseront leurs travaux scolaires? Il faut aussi se demander si les enseignants croient toujours que la principale utilisation que l’on peut faire d’Internet est la recherche documentaire. Ne voient-ils pas d’autres usages possibles d’Internet avec leurs élèves?

Un besoin d’accompagnement
Pourtant, en matière d’utilisation d’Internet, les enseignants ont le devoir de suivre leurs élèves – ou du moins d’essayer – afin de pouvoir jouer adéquatement leur rôle d’éducateur auprès d’eux. Et ils ont vraiment un rôle à jouer, faut-il le rappeler…

Bien que les jeunes privilégient un usage ludique d’Internet, ils confient aussi beaucoup s’en servir pour la réalisation de leurs travaux scolaires. Bien que les jeunes aiment qu’on les laisse explorer seuls, ils aimeraient bien avoir des guides à l’occasion. Ils ne demandent pas à leurs enseignants de préparer une multitude de projets scolaires en lien avec Internet, ils aimeraient simplement qu’ils leur offrent un peu de soutien dans leur utilisation.

Ils sont conscients que tout n’est pas vrai sur Internet, ils voudraient des trucs pour reconnaître les sources vraiment fiables. Ils n’aiment pas « errer » sur le Web, ils voudraient savoir comment trouver rapidement ce qu’ils cherchent. Ils aiment se faire suggérer des sites à consulter régulièrement, sinon ils se retrouvent toujours dans Google ou Wikipédia. Ils savent que le Net renferme son lot de dangers et ils veulent protéger leur vie privée quand ils naviguent. De même, ils veulent protéger leur ordinateur contre les virus et autres attaques malveillantes.

Que ceux qui craignent que les jeunes se mettent à flâner sans but ou avec de mauvaises intentions sur le Web se rassurent. Ils aiment plutôt se constituer un petit réseau de connaissances, de sites de référence à partager avec leurs amis proches.

Éducation aux médias
Nous rappelons régulièrement l’importance de l’éducation aux médias à l’école. Et, Internet, avec ses fonctions de communication et de divertissement, est bel et bien un média. D’ailleurs, n’oublions pas que, contrairement à nous, les jeunes n’ont jamais connu le monde sans Internet…

Malgré tout, l’école a toujours tendance à interdire plutôt qu’à éduquer. Pas surprenant alors que – et je laisse la parole aux trois chercheurs ici – « la véritable éducation critique aux nouveaux médias reste, hélas, encore aujourd’hui un chantier en friche »…

Ils concluent en soutenant qu’« il devient urgent de développer des programmes d’éducation aux médias qui fassent une large place aux nouvelles technologies ». Pour ce faire, il faudra tout d’abord que l’École adopte une attitude d’ouverture, qu’elle s’adapte à la réalité des jeunes d’aujourd’hui et qu’elle pense à ce que sera leur monde… demain.

Permettez-moi de vous signaler que le nouveau guide pratique de l’École branchée se veut justement un outil d’éducation à l’utilisation d’Internet…

À lire la semaine prochaine : Y a-t-il une éducation à Internet à la maison?

Pour lire le rapport de recherche

Par Martine Rioux, APP





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