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| 21 janvier 2009 |
Une école adaptée au XXIe siècle |
| Par Martine Rioux, APP |
Sherbrooke - S’il avait à revenir en arrière, Ronald Canuel, directeur de la Commission scolaire Eastern Townships (CSET), reprendrait exactement les mêmes décisions. Celui qui met à la disposition de ses élèves quelque 6 000 ordinateurs portables depuis 2003 n’est pas peu fier d’avoir permis à ses écoles d’entrer de plein-pied dans le XXIe siècle. |
« Je n’ai aucune idée de ce qu’est le futur de l’éducation, mais je sais que là, maintenant, aujourd’hui, les ordinateurs et la technologie font partie du quotidien des jeunes. Nous ne pouvons pas leur proposer de fréquenter des écoles désuètes technologiquement, alors que leur vie en dehors de l’école est très techno », a confié M. Canuel lors d’un entretien téléphonique avec l’Infobourg.
Il poursuit : « Qui irait chez un dentiste qui utilise les mêmes instruments qu’en 1985? Personne. L’école a le devoir d’être pertinente et réaliste. Oui, les livres et les manuels papier ont toujours leur place. Mais, l’école doit aussi être de son temps. À la Commission scolaire Eastern Townships, nous savons que nos élèves sont outillés pour faire face aux défis du XXIe siècle ».
L’aventure technologique a débuté en 2003 à la CSET lorsque la Stratégie d’apprentissage amélioré a été mise en place par M. Canuel et son équipe. En tout, ce sont quelque 5 600 ordinateurs portables qui ont été distribués.
Les élèves de la 4e année du primaire jusqu’à la 3e secondaire ont chacun leur propre ordinateur. Ceux des autres niveaux (début du primaire et fin du secondaire) bénéficient d’un ratio exceptionnel d’un ordinateur pour deux élèves (parfois pour 1,5), accessible en tout temps dans la classe.
Les étudiants à l’éducation aux adultes, les enseignants, le personnel administratif, les professionnels non enseignants et le personnel de soutien technique ont aussi un ordinateur.
Depuis l’implantation du programme, l’impact positif a été largement observé et documenté; améliorations en lecture et en écriture, réduction de l’absentéisme, motivation accrue des élèves et des enseignants, etc. Le projet est définitivement apprécié dans la région.
Il a même valu à M. Canuel d’être nommé « Héros de l’année, catégorie Éducation, par les lecteurs du magazine Sélection du Reader's Digest. « Un honneur que j’accepte au nom de ma communauté», dit l’homme, flatté par la reconnaissance.
« L’ordinateur est devenu un outil indispensable. Plus personne ne voudrait s’en passer, il fait partie du quotidien dans les écoles. Quand on en a besoin, il est là. Par ailleurs, nous mettons continuellement en place des nouveaux projets qui favorisent une intégration de qualité. Et, à mon sens, la recherche d’informations sur Internet, ce n’est pas une intégration pédagogique», affirme-t-il.
Selon lui, la technologie ne remplacera jamais l’enseignant, comme certains voulaient bien le laisser croire lors des premiers balbutiements de l’informatique dans les écoles. « L’enseignant devient le chef d’orchestre, qui guide ses musiciens et qui les laisse aussi essayer de nouvelles choses. Le lien qui unit élèves et enseignants change et je dirais que c’est pour le mieux ».
Néanmoins, M. Canuel comprend parfaitement l’inquiétude que certains enseignants ou directeurs d’école peuvent avoir face à l’introduction massive d’ordinateurs dans leur milieu. « C’est un défi énorme et une fois qu’on a fait un pas en avant, il est totalement impossible de revenir en arrière. »
Il croit néanmoins que de plus en plus d’établissements scolaires embarqueront dans la vague techno, au plus grand bénéfice des élèves. « C’est une question de temps. »
Il en convient, ce genre d’initiative coûte cher et c’est probablement ce qui en a freiné plusieurs jusqu’à maintenant. Sa commission scolaire a consacré 12,5 millions de dollars à l’aventure et n’a reçu aucune aide financière de la part du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. La dette contractée n’a pas encore été remboursée en totalité et déjà, il doit penser à remplacer certains appareils.
« Heureusement, le coût de l’informatique est en chute. Lorsque nous avons débuté, un ordinateur valait 1 500 $. Aujourd’hui, nous pouvons nous procurer de très bons appareils pour 400 $. Cela fait une différence énorme. L’obstacle du prix est de moins en moins vrai», dit-il.
« La véritable question aujourd’hui est de savoir comment s’y prendre pour faire lancer une initiative du genre. Chaque milieu doit identifier une façon de faire qui lui convient. Il n’y a pas de modèle unique».
À ce sujet, l’Infobourg vous a déjà présenté différents projets comme celui au Collège Notre-Dame-des-Servites et celui dans l’État de l’Indiana aux États-Unis.
Un exemple
Évidemment, du fait que le projet de la CSET demeure unique au Québec, il a abondamment suscité l’intérêt. La Commission scolaire a reçu plusieurs visiteurs au fil des ans et elle a même développé des relations plus particulières avec certains.
En 2007, elle a notamment conclu une entente avec le Cirque du Soleil, afin que les enfants-artistes de même que les enfants des artistes et des employés du Cirque, en déplacement en Asie, puissent poursuivre leur scolarisation primaire ou secondaire à distance avec des enseignants de la CSET. Le projet se poursuit.
Depuis l’automne 2008, la CSET agit aussi comme expert-conseil auprès du ministère de l’Éducation et de la Culture de l’Uruguay qui a entrepris le déploiement de 400 000 ordinateurs XO du projet One Laptop per Child dans ses écoles. Des enseignants de la CSET se rendront sur place.
D’ailleurs, le petit ordinateur XO n’est pas sans intérêt pour M. Canuel. Et il pourrait devenir une option intéressante et abordable pour le futur du projet de la CSET. Ce dossier sera à suivre.
À propos du XO, M. Canuel a participé au XO Camp 2, qui s’est tenu la semaine dernière au Massachusetts Institute of Technology (MIT), lieu de développement du XO. Il avait été invité pour présenter sa stratégie d’intégration d’ordinateurs portables.
Les archives du projet sur Infobourg
Un portable par élève
Un programme pour l’emploi d’ordinateurs portables
Formation à l’utilisation d’ordinateurs portables
Par Martine Rioux, APP
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