Abonnez-vous au bulletin d'information hebdomadaire par courriel.

Entrez votre adresse :
Une nouvelle à soumettre, un sujet à proposer, une question? Écrivez-nous!
Cliquez ici!





25 octobre 2004

Utiliser les TIC en classe? On veut bien, mais on ne sait pas comment!
Audrey Miller

C’est ce qui ressort d’une vaste enquête menée de novembre 2003 à mai 2004 auprès 1180 enseignants québécois. Ils sont tous conscients de l’apport que peuvent avoir les TIC dans leur enseignement, mais si seulement on leur montrait comment!

Toutes les écoles possèdent des ordinateurs. Bon, on ne peut peut-être pas tous leur donner le qualificatif « performant », mais ça, c’est un autre débat. Aussi, toutes les écoles (enfin, c’est ce qu’on dit) ont quelque part accès à Internet. Alors pourquoi sont-ce toujours les mêmes desquels on reçoit des nouvelles, pourquoi croise-t-on toujours les mêmes visages au colloque de l’AQUOPS, pourquoi y a-t-il si peu d’intervenants sur les listes d’échanges pédagogiques par courriel? La réponse se trouve peut-être dans ce sondage…

Intitulée « Enquête sur les profils d’utilisation des technologies de l’information et de la communication en enseignement au Québec » (ouf!), une vaste étude a été faite auprès de 8000 enseignants du préscolaire au secondaire de partout au Québec. Ceci représente 14 % de l’effectif enseignant régulier à temps complet aux trois ordres d’enseignement. Sur ce nombre, 1180 ont complété et retourné le questionnaire de recherche qui leur a été acheminé. De plus, 243 personnes ont accordé une entrevue complémentaire. Sur les 66 commissions scolaires québécoise, 64 sont représentées. Il y a 10 % de représentants des commissions scolaires anglophones et 90 % des francophones. Elle a été dirigée par François Larose, professeur titulaire à la Faculté d'éducation de l’Université de Sherbrooke, en collaboration avec la Direction des ressources didactiques du MEQ.

Il y a trop de données et de constats dans cette recherche pour tout énumérer ici! Je vais me contenter d’en pointer quelques-uns uns. Je vous invite d’ailleurs fortement à aller télécharger le résumé du rapport. Il fait quelques 40 pages, mais expose tout ce qui importe de savoir.

Parmi les constats, on note tout d’abord que seulement 29 % des personnes interrogées ont eu accès à une formation portant sur l’utilisation de l’informatique à l’école durant leurs études de premier cycle. De plus, ce sont majoritairement des enseignants plus jeunes qui œuvrent aujourd’hui surtout au primaire.

Moins de la moitié des répondants disent avoir eu accès à de la formation continue spécifiquement à propos des TIC. En effet, les objets de formation au sens large avaient surtout trait à la pédagogie par projet, au soutien à la formation de communautés apprenantes et à l’utilisation du courrier électronique. Lorsqu’on parle des dimensions techno-instrumentales des TIC (utilisation scolaire de cédéroms; recherche sur Internet, etc.), on ne compte plus que vingt à trente pour cent de l’échantillon qui y a été exposé.

Parmi ceux qui ont reçu de la formation continue reliée aux TIC, la majorité juge ces dernières utiles, ce qui n’est pas le cas lorsque les répondants évaluent la pertinence et l’utilité des formations reçues dans le cadre de leur baccalauréat. C’est donc dire que les cours dispensés à l’université sont peut-être à réviser au point de vue de leur pertinence en rapport à la situation scolaire actuelle. Par contre, il faut aussi conclure que la formation continue est primordiale. L’une des retombées majeures de ces formations est un accroissement de l’incitation des élèves à effectuer des recherches sur Internet.


La situation actuelle des élèves

Selon les enseignants qui ont répondu au sondage, les principaux volets des TIC maîtrisés par les élèves sont, dans l’ordre :
- Manipuler adéquatement le clavier et la souris (83 %)
- Réaliser des recherches simples sur Internet (62 %)
- Utiliser les fonctions de base d’un logiciel de traitement de texte (60 %)
- Enregistrer leurs fichiers sur une disquette ou sur le réseau de l’école (59 %)
- Utiliser les fonctions de base du courrier électronique (51 %)

Il est maintenant temps de les amener à un niveau supérieur, avec des activités comme Utiliser certains périphériques (caméra numérique, numériseur, etc.), Publier de l’information sur le site Web de l’école (ou tout autre site), Réaliser des recherches plus avancées sur Internet, etc. Toutes des compétences qui leur seront presque essentielles dans leur vie professionnelle. Mais comment y arriver ?



Des profs insatisfaits

Lorsqu’on leur demande leur niveau de satisfaction à l’égard des TIC à l’école, voici les principaux points pour lesquels ils sont insatisfaits ou très insatisfaits.
Soutien pédagogique aux enseignantes et aux enseignants (72 %)
Formation offerte aux enseignantes et aux enseignants (71 %)
Formation et accompagnement par le RÉCIT (66 %)
Intégration pédagogique des TIC (65 %)
Disponibilité des logiciels (64 %)
Soutien technique aux utilisateurs (64 %)

Non loin derrière, on remarque les facteurs relatifs à la quantité et à la qualité de postes de travail disponibles. Rien de nouveau ici...


Conclusions

Malgré la présence d’ordinateurs réseautés dans l’ensemble des écoles du Québec, le rapport d’enquête conclue que le recours au matériel scolaire informatique en classe de la part des enseignants demeure relativement minimaliste. En effet, la recherche d’information sur Internet pour les travaux ou les projets d’élèves, le recours au traitement de texte pour la production de travaux et, à moindre fréquence, le recours aux outils de présentation (logiciels de type Power Point) demeurent les pratiques auxquelles les élèves sont le plus fréquemment conviés. Nous ne sommes cependant pas différents des autres pays industrialisés quant à cette situation.

L’utilisation de l’informatique est donc encore considérée comme marginale. Maintenant que les constats sont établis, il faut voir comment les commissions scolaires réagiront afin d’améliorer la perception et le niveau d’utilisation des TIC dans l’enseignement.

Vous avez des idées, des réactions, voire même des solutions à proposer? Je vous invite à et je publierai vos interventions sur l’infobourg, à la suite de cet article.

Par Audrey Miller, APP



Commentaires et réactions des lecteurs
reproductions intégrales

Bonjour,

Je suis une étudiante de l’université de Sherbrooke. Je dois admettre que je suis en accord avec les enseignants qui dise ne pas savoir comment utiliser les TIC avec leurs élèves. Je ne suis qu’à ma première année d’université et, je vous le concède, je n’ai pas encore vécu une réel situation de classe. Mais je me sens tout de même totalement démunie face aux nouvelles technologies. J’ai même parfois l’impression que les élèves de certaines écoles en connaissent beaucoup plus que moi en matière d’informatique. J’ai des craintes et je ne suis pas seule, nombre de mes collègues disent de même.

Je crois que les cours d’informatiques qui nous sont fournis ne sont peut-être pas adaptés aux capacités de chacun, comme le sont les cours de mathématiques ou de français. Certains étudiants sont meilleurs que d’autres, mais doivent s’ennuyer dans des cours qui aborde de la base, alors que d’autres se découragent devant la complexité. Peut-être devrait-il exister un cours de mise à niveau comme en français.



Bonjour,

Pour ma part, enseignant le multimédia en université en France, qui plus
est, m'occupant du projet d'année des étudiants, je crois que les TIC cela
se fait quelque part sans se nommer...

Je suis dans une situation privilégié : je suis prof de multimédia et les
étudiants ont choisi un Master de Multimédia...

Toutefois, en début d'année, le décalage est énorme entre ce qu'il croit
connaître de cette discipline et ce qui existe. Certains sont quasiment
novices en informatique et/ou sur au sujet d'internet par exemple.

Ainsi, cette année j'ai mis un place un blog/wiki pour les étudiants afin
qu'ils puissent collaborer à leur projet en utilisant les TIC sans s'en
rendre compte. Cet outil vient en complément d'un groupe de discussion
Yahoo, qui permet d'échanger sur le projet mais aussi sur les enseignements
qu'ils suivent, entre eux et avec différents prof... Ils ne savent toujours
pas que c'est des TIC ! Je ne leur dit pas et je ne le dit pas non plus aux
autres prof. J'ai également créé un blog personnel afin de les habituer à
aller visiter ce nouveau type d'outils...

Pour revenir sur leur blog, je me suis déclaré comme administrateur,
ensuite, l'un d'entre eux a également le rôle d'administrateur et c'est lui
qui régule, gère... Le blog.

Les adresses :
Le blog des étudiants : http://idemm.joueb.com/
Mon blog : http://www.ed-productions.com/leszed/

Le choix des outils me semble également primordial. Ils doivent être simple
pour servir d'introduction à d'autres gammes d'outils plus sophistiqué.

Ceci est un essai (le blog des étudiants). Nous verrons bien ce qu'il
deviendra au fil de l'année.

J'ai aussi le projet de mettre en place un site dans une école maternelle et
une école primaire... Avec la directrice, jamais nous n'avons prononcé le
mot TIC, cependant, elle a des projets d'utilisation de cet outil avec les
enfants qui correspondent aux TIC !

Cordialement
Eric Delcroix





Utiliser les TIC en classe ou comment intégrer à notre enseignement une mine inépuisable de ressources

Un rapport de François Larose de l’Université de Sherbrooke révèle que les enseignants en poste ne savent pas comment utiliser les technologies de l’information et de la communication (désormais TIC). Il est vrai que les TIC, censées révolutionner bon nombre des sphères de l’activité humaine, se laissent difficilement apprivoiser, notamment en éducation.

Il serait important de se remémorer les étapes de l’arrivée, somme toute relativement récente, des TIC dans nos vies. Au début, il y a eu l’ordinateur; pensons à ces MacIntosh dont l’écran ne faisait que quelques pouces. Les premiers appareils ont été améliorés de façon exponentielle, de même que les logiciels dont ils étaient équipés. Puis nous avons vu arriver la mise en réseau – première façon de repousser les frontières – suivie de l’implantation d’Internet, à la grandeur du globe. À cette époque, nous n’étions toutefois pas entièrement conscients des possibilités à venir. Car avec ce système s’est créé – et se crée quotidiennement – de nouvelles bases de données, en d’autres termes des sites dont le contenu reste à découvrir. De nos jours, il faut de plus compter sur une multitude de logiciels de présentation, des plateformes permettant une variété de modes d’échange d’informations, et des équipements permettant d’entendre et de visionner un document localisé dans un fichier se trouvant de l’autre côté de la planète.

Le rapport émanant de cette étude menée en collaboration avec la Direction des ressources didactiques du MEQ nous apprend aussi que seulement 29% des enseignants en poste affirment avoir reçu une formation lors de leurs études universitaires. Compte tenu de l’arrivée toute récente des TIC et de leur rapide développement, illustré par les quelques souvenirs que nous avons évoqués, ce fait n’est pas étonnant. D’aucuns confirmeront que les programmes de formation en enseignement ne comportaient pas de cours à cet effet il y a de cela quelques années seulement. Et même si la demande est venue modifier l’offre, un cours sur l’utilisation des TIC risque de varier considérablement d’un programme à l’autre, notamment à cause des étudiants. Il n’est pas rare, en effet, de rencontrer un étudiant universitaire ne possédant que les rudiments en matière de fonctionnement d’un ordinateur, alors que certains surpassent des membres du corps professoral par leurs connaissances et leur maîtrise de divers logiciels et appareils connexes. Pour les uns, un travail dactylographié d’une dizaine de pages représentent un défi, ce dont témoigne bien souvent le résultat final : absence de pagination, d’en-tête, table des matières créées manuellement, etc. Pour les autres, la maîtrise des technologies disponibles est évidente : formatage novateur, insertion d’images, impression couleur, etc.

Mais les problèmes qu’éprouvent les plus faibles risquent de ne pas durer. Du moins si l’on s’en remet aux données de l’étude, il semblerait que les élèves – parmi lesquels de futurs universitaires – sont capables de manipuler adéquatement le clavier et la souris (83%) ou d’utiliser les fonctions de base d’un logiciel de traitement de texte (60%). Il faut donc déjà concevoir que les programmes universitaires accueilleront une clientèle totalement différente, avec des besoins différents. C’est ce qui m’amène à réagir au constat le plus important de cette étude : la difficulté d’utiliser les TIC en classe.

À mon avis, le contenu du cours universitaire visant l’exploitation des TIC et destiné à de futurs enseignants devrait être orienté de sorte à favoriser l’exploitation des principes didactiques sous-jacents à la matière à enseigner (p. ex. : le français), et ce, par l’entremise des ressources qu’offrent les TIC. Il ne s’agit donc pas de former des techniciens en informatique, des réparateurs, voire des créateurs de sites, et ce, malgré la réticence que pourraient exprimer de futurs enseignants devant l’inconnu : que faire si l’ordinateur ne démarre pas? Et si la connexion ne fonctionne pas? La mission de l’université étant, dans un programme de formation des maîtres, de former des « experts » en enseignement, il faut rendre l’étudiant capable d’appliquer un certain nombre de principes pédagogiques, de suivre une approche didactique vis-à-vis un contenu véhiculé par l’entremise des TIC.

Tel que mentionné un peu plus haut, les TIC se laissent difficilement apprivoiser lorsqu’on les compare, par exemple, à un manuel scolaire. Lorsque l’on demande à l’élève de prendre son livre à la page 14, c’est qu’on possède une bonne idée de son contenu et de ce que l’on va en faire : ajouter des explications, demander de résoudre le problème qui y est représenté ou en fournir la réponse, etc. Les TIC, à cet égard, demeure insaisissable. Pour concrétiser la démarche, il nous faut l’adresse d’un site, son contenu pour fournir la juste explication, la bonne directive, ou encore la réponse à la question posée. Et ce n’est là qu’une partie du défi.

Imaginez-vous assis face à un ordinateur avec un (votre) enfant souhaitant en apprendre davantage sur un sujet donné (dans un monde idéal, cet enfant vous demande de l’aider à améliorer son français, mais il se pourrait que son vœu soit d’explorer le monde des dinosaures). Avec un minimum d’intervention (utilisation d’un moteur de recherche, repérage de sites « intéressants »), cet enfant risque tout de même de vagabonder, surtout lorsque divers hyperliens s’offrent au passage. Une solution pourrait être d’imprimer le contenu du site qui vous paraît être bien documenté; appelons-la l’option encyclopédie. L’on constate alors rapidement que les TIC, source inépuisable, ne remplace pas l’enseignant tant que certaines directives ne sont pas présentes. Rappelez-vous : allez à la page 14, faites le problème n° 3 avec votre partenaire de travail, etc. Du moins dans sa version encyclopédique. Là où les TIC sont irremplaçables, c’est au moment d’offrir ce que le papier ne peut faire : du son, des images en mouvement, une interaction par l’entremise d’exercices qui s’auto-corrigent de manière intelligente, c’est-à-dire en fournissant des indices plutôt que la réponse, de même qu’une rétroaction formatrice.

Ce dont les enseignants ont besoin, ce sont les adresses des sites les plus pertinents en fonction de la matière qu’ils enseignent. Mais pourquoi s’échanger ces sites au gré du hasard, par courriel, par l’entremise de listes d’échanges? Peut-être qu’un calepin d’adresses serait nécessaire pour réunir les sites offrant des applications concordant avec les principes didactiques inhérents au contenu visé. Mieux peut-être serait une nouvelle forme de « manuel scolaire » proposant des adresses, l’exercice à réaliser ou l’information à extraire, et certains éléments des réponses attendues. Car une angoisse possible par rapport à l’utilisation des TIC est la perte considérable de contrôle sur les contenus abordés. L’enseignant n’a plus le temps de prendre connaissance des diverses sources d’information disponibles. Ce sont les apprenants qui, au gré de leurs travaux, rapportent une quantité variable d’informations diverses. Le rôle de l’enseignant prend une fois encore un nouveau virage.

Marc Lafontaine
Chargé d’enseignement
Université Laval





Surpris des résultats!

L'éditorial de la semaine du 25 octobre " Utiliser les TIC en classe? On veut bien, mais on ne sait pas comment! " me préoccupe depuis sa parution. Les résultats de l'enquête dont vous faites état a de quoi surprendre !

De nombreux enseignants réalisent de fort belles choses avec l'ordinateur. J'en ai observées dans presque toutes les disciplines. Un de mes anciens collègues fait des merveilles en 1ère secondaire en procédant de la façon suggérée par un des intervenants, M. Éric Delcroix: il fait travailler ses élèves "afin qu'ils puissent collaborer à leur projet en utilisant les TIC sans s'en rendre compte", tant dans son cours de géographie que dans une activité péripédagogique (club d'astronomie). Je peux en citer plusieurs autres. Mais l'étendue du malaise que vous signalez déconcerte.

Dans mes dernières années d'enseignement en 5e secondaire (géographie 534 + éducation économique 514), j'ai eu la fièvre des NTIC comme on a dit au début et j'ai cru que cela pouvait changer l'attitude des élèves en cours d'apprentissage. L'institution pour laquelle je travaillais nous a poussé à suivre des cours pour en acquérir la maîtrise. Malgré ces cours, je suis d'accord avec l'étudiante de l'université de Sherbrooke: les élèves les plus doués en savent souvent plus que leurs enseignants. Il est alors difficile de contrôler les petits malins qui dévient des consignes de travail et vont niaiser leurs collègues (sans parler de la recherche des sites érotiques ou sans lien avec la tâche à exécuter).

Pourtant, j'y avais vu un stimulant fantastique pour de jeunes élèves: la diversité de l'information, son actualisation, sa facilité d'utilisation également semblaient de bonne augure. L'expérience m'a prouvé que ce n'est pas toujours le cas.

Il y a d'abord les élèves qui sont réfractaires à l'ordinateur, comme d'autres n'aiment pas lire de romans. Il y a ensuite ceux et celles qui sont moins doués et qui vont moins vite: ils ou elles ne réussissent pas à terminer leur tâche dans le temps imparti, ce qui leur demande un effort supplémentaire pour la compléter après le cours. Dans ce dernier cas, le travail supplémentaire peut être vécu comme une surcharge, une quasi punition. Mais c'est presque rassurant: finalement, en informatique comme ailleurs il y en a de plus ou de moins talentueux. Et c'est le défi de l'enseignement de veiller à ce que les meilleurs ne s'ennuient pas quand un cours aborde la formation de base.

On peut questionner la manière de travailler avec l'ordinateur, qui a pu creuser l'écart entre les doués et les malhabiles car, pour diverses raisons, les enseignants font travailler les élèves en équipe de trois ou quatre. Dans une équipe, trop souvent le travail à effectuer l'est par un seul des coéquipiers (fille ou garçon) qui est plus avancé que les autres, qui réalisera la majeure partie du travail informatique au sens strict. Les autres, au mieux participent, au pire exploitent le travail d'autrui. Ce n'est pas propre au secondaire: le même phénomène s'observe au cégep et à l'université.

Un autre constat peut être fait: les TIC ont peut-être souffert de leur succès. Beaucoup d'enseignants ont intégré l'ordinateur dans leurs cours, ce qui a produit assez souvent un effet pervers: les élèves se sont lassés du média électronique ! Pour un élève moyen, l'ordinateur est un jouet amusant … à la maison, mais ennuyant à l'école car il est un outil de travail comme les autres, et que travailler, c'est forçant !

Évidemment, ça peut donner le change à l'enseignant qui se fait remettre "de beaux travaux". Mais les enseignants aussi ont déchanté car la maîtrise des logiciels par les élèves ne signifie pas qu'ils ont vraiment lu, observé, retenu, compris l'information disponible. Il suffit de leur demander, après la remise d'un travail de recherche écrit, d'en faire une présentation orale, en utilisant les documents trouvés à l'ordinateur, mais sans texte manuscrit lu devant la classe. Surprise ! Plusieurs élèves rechignent, car il leur faut apprendre, comme au théâtre, pour savoir exactement leur rôle. La difficulté alors n'est pas de montrer ce que l'on a trouvé dans tel ou tel site électronique, mais de tenir, à partir des sources consultées, un discours articulé sur le sujet étudié.

On l'a dit et redit, l'ordinateur n'est qu'un outil. Pour s'en servir, il est clair qu'il faut en avoir besoin. Peut-être que dans la plupart des tâches intellectuelles demandées au secondaire, les Tic sont, par rapport aux autres stratégies d'apprentissage, un moyen d'aller plus vite, d'améliorer la présentation d'un travail, mais pas la panacée qui va améliorer la rétention sans effort, ni rendre un élève plus intelligent, plus réfléchi ou plus motivé.

Finalement, l'élève a toujours besoin de rencontrer des personnes pour construire sa propre personnalité, pour le ou la stimuler à se développer, pour l'aider à surmonter certains obstacles personnels. Peut-être que cet aspect a été oublié: les enseignants des deux sexes ont besoin de conditions de travail qui leur permettent d'intégrer les nouvelles technologies, bien sûr, mais également de jouer ce rôle d'aidants naturels sans lequel l'enseignement ne passe pas. Est-ce que, sans s'en rendre compte, on s'est trompé de cible, en mettant surtout l'accent sur la machine, alors qu'on voulait construire une école centrée sur la personne ?

Georges Sénia, enseignant nouvellement retraité.
(Collège Durocher Saint-Lambert)






Pas encore de commentaires pour cet article!

Entrez votre prénom et votre nom :
Entrez votre ville :
Entrez votre courriel : (Votre adresse ne sera pas affichée.)
Entrez votre commentaire :
Pour valider, entrez dans la case suivante la suite de caractères apparaissant dans l'image ci-dessous (ceci est une mesure anti-spam).
ATTENTION! Cliquez sur le bouton "Soumettre" avec la souris! Si vous appuyez simplement sur "Enter", votre commentaire ne sera pas envoyé dans le système.


Nous nous réservons le droit de ne pas publier tous les commentaires. Le délai de traitement est habituellement d'un ou deux jours ouvrables.

Imprimer
cette page...



© De Marque inc. 2007 Tous droits réservés. Politique de confidentialité